"Insensés, nous sommes sur le point de nous offrir au prédateur..."
Ces choses qui vivent en nous - Partie quatre.
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*
- Suis-moi. Ici, nous sommes trop à l’abri. » Dans le ventre. Couloir délétère. Des
ombres. La nuit avance à reculons. Des éclats sonores, dissonants, et une porte
verrouillée. Un sol de clés. «
Regarde, c’est ici que ça se cache. Dans ce couloir, le temps est instable.
Tout est agressif, ici. Ce n’est plus Nous dans l’espace, c’est Nous dans le
monde. Il faut le traverser, ce monde, il faut le vivre. Tu as compris. On
essaie, on y arrive. Viens.
- Je... J'ai peur.
- Comme un amour qui vient de naître. Viens, allez,
viens. La peur, c’est juste un vilain ver de terre qui se ratatine sur lui-même
et se propulse contre tes côtes ou le long de ta trachée. C’est une chose qui
vit en toi. Viens, chérie, viens. On va devenir forts. On va devenir beaux. On va devenir Nous.
- C'est ça, la morale de l'histoire
? "Faites face à vos peurs, et elles disparaîtront" ? Il ne s'agit
plus d'un jeu de mots entre toi et moi. Insensés, nous sommes sur le point de nous
offrir au prédateur, lombric à dents longues. Il... Est-ce que tu l'entends ?!
Chéri, je suis terrorisée. J'ai la couardise en horreur, mais mon courage
s’égare dans les sens interdits. Je ne fuirai pas. Seulement... Par pitié, ne
me laisse pas toute seule.
- Prends
mes lèvres. » C’est la jolie musique. De l’insistance naît
l’agressive harmonie, la distance agonise. « Crois en moi. » Ils
tremblent. « Toi en moi. » Alors
ce sont les soupirs, le tissu qui se froisse. La pression des caresses, la
chaleur qui escalade la peau diaphane. Une porte s’ouvre. « C’est là. » Evidence. Eminence. Existence. Douleur, extase, le corps hésite un
instant. « Après nous. » Comme le terrible fracas d’une vie qui se meurt. Le couperet s’abat, la
chose est dite. Et ensemble : « Je t'aime »